Le métafauve - Philippe LOZE

Ce n’est pas parce que je baisse la tête que je ne sais pas. Ce n’est pas parce que je ferme les yeux que je ne vois pas. Ce n’est pas parce que je ne dis rien que je ne hurle pas. Ce n’est pas parce que je ne fais rien que je ne pense pas. Si vous saviez. Si vous pouviez entendre. Le tourment la rage la peur qui me hantent. Si vous saviez. Si vous pouviez comprendre. Les cris les larmes les peines l’épouvante. Ce n’est pas parce que je me tais que je n’ai rien à vous dire. Ce n’est pas parce que je suis immobile que je ne vais pas partir. Ce n’est pas parce que je vous écoute que je vais vous obéir. Ce n’est pas parce que je vous souris que je ne vais pas vous détruire. Si vous pouviez voir. De l’autre côté du miroir. La bête tapie au fond de sa cage. Si vous pouviez voir. De l’autre côté du trottoir. Ce fauve qui bave, écume de rage. Mais vous ne voyez rien. Vous pensez m’avoir endormi avec vos belles promesses, De confort de sécurité et quelques tapes sur les fesses. Du mal boire du mal bouffe du mal air de la foutaise. Du bien penser du bien dire du bien agir, vilaine maitresse. Si vous pouviez voir. Vos nuits de cauchemars, Ne seraient que promenades au clair de lune. Si vous pouviez voir. Ce que je vous prépare. Plumes bitume pourriture en fosse commune. Le métafauve solitaire se métastase. Se métamorphose en meute mutante. Sors de ton trou horde hurlante. Faites place aux sombres nuits d’extase.